• Les postures:


    Définition:



    Les postures se définissent comme étant la mise en tension des éléments anatomiques de l'articulation concernée (les ligaments, la capsule, les tendons, les muscles). Les postures s'adressent aux articulations dont l'amplitude est limitée consécutivement à l'altération des différentes structures péri articulaires.

    Elles recherchent le positon opposé à l'action des muscles rétractés. La posture est une attitude d'hypercorrection.


    Indications:


    Les postures sont indiquées à titre préventif ou curatif, des raideurs articulaires. Elles sont indissociables de la mobilisation, et sont le plus souvent couplées au massage et à toute source de chaleur.

    Pour que la posture soit efficace, il ne doit pas apparaître en cours d'application, de phénomènes douloureux, ce qui aurait pour conséquences de déclencher des réactions de défense et de lutte contre l'action correcte.



    Principes généraux:

    Respecter les axes et les plans de sollicitations:

    Les efforts appliqués à l'articulation doivent tenir compte de ses degrés de liberté, et doivent aussi être orientés de façon raisonnée, c'est-à-dire qu'il ne faut jamais soumettre une articulation à des efforts contradictoires avec les plans et les axes du mouvement.

    Respecter les amplitudes physiologiques:

    La posture ne doit pas être appliquée au-delà des amplitudes articulaires physiologiques, en effet, lors de la réalisation d'une posture, il est nécessaire de prévoir un système de protection contre un gain d'amplitude trop important et brutal, qui risquerait de léser l'articulation dans l'amplitude terminale.

    Appuis et contre appuis:

    Les appuis et contre appuis réalisent dans le cas des postures, ce que sont les prises et les contre prises de la mobilisation passive. Afin que la posture soit efficace, les appuis et contre appuis doivent éviter les compensations et assurer passivement la stabilisation segmentaire, pour que n'apparaisse aucune activité parasite. L'aspect prolongé de la posture doit inciter à réaliser des appuis et contre appuis confortables.

    Na pas posturer une articulation par l'intermédiaire d'une autre.

    Dans un souci d'efficacité et de précision, il faut éviter d'interposer une articulation supplémentaire entre l'articulation concernée et l'action posturante. En effet,  ceci engendra des compensations qui seront plus difficiles à contrôler.

    Régler du non douleur:

    Les postures étant réalisées pendant un temps prolongé, il est indispensable, comme pour les autres techniques passives, d'éviter l'apparition de phénomènes douloureux, ce qui aurait pour conséquences des réactions de défense.

    Dosage des postures:

    La réalisation pratique d'une posture se décompose en quatre temps:

    Temps 1: correspond au temps nécessaire à l'établissement de l'effort appliqué à l'articulation.

    Temps 2: équivaut à la durée de maintien de la posture.

    Temps3: correspond à la période de relâchement des efforts articulaires.

    Temps 4: c'est le temps de repos nécessaire avant d'élaborer à nouveau, l'articulation considérée par une technique de rééducation quelconque.

    Le rapport qui régit ces quatre séquences est le suivant:

    Temps 2 est supérieur à temps 3 qui est supérieur à temps 1

    Temps 4 est variable.

    Les postures ne sont pas des manœuvres rapides et violents, c'est un facteur de progressivité qui les caractérise.

    La force corrective dépend toujours de la tolérance du malade.


    Les différents types de postures:


    On distingue successivement les techniques manuelles auto-passives et instrumentales.


    Les postures manuelles:

    Une posture est dite manuelle lorsque les effets correcteurs sont réalisés manuellement par le rééducateur. La technique peut utiliser ou non des accessoires instrumentaux pour réaliser les contre appuis. Il faut reconnaître que les postures manuelles sont peu réalisées. En effet,  malgré l'efficacité et l'adaptation de la main du kiné, il lui est difficile de rester dans la même positon pendant un temps important.

    Ces postures sont préférables au début de la récupération, car elles peuvent être bien dosées et par suite, éviter les accidents. Les intérêts de ces postures résident dans la précision en direction et en intensité des forces appliquées.


    La méthode classique utilisée est la suivante:

     On fait des mouvements de va et vient de l'amplitude maximale dans un sens à l'amplitude maximale dans l'autre sens; puis un temps d'arrêt avec poussée de la part du kiné et ceci, dans les limites extrêmes du mouvement. La manière de  saisir le levier distal de l'articulation doit être effectuée par la main du kiné qui prend le segment du membre fermement sans striction   totale (ne pas forcer) (voir prises, contre prises, mobilisation passive).

    Souvent, cette mise en tension est douloureuse, et une contraction musculaire réflexe s'installe (réflexe d'auto défense), ce réflexe, on doit le faire disparaître volontairement et ne pas le vaincre.


    Conseil à suivre pour cette méthode:

    Le lieu de la prise, c'est-à-dire l'appui sur le segment distal n'est pas indifférent:

    Eviter de toucher les régions douloureuses, les cicatrices, les plaies…

    Utiliser le plus long bras de levier possible, pour avoir plus de force.

    Ne jamais posturer une articulation par l'intermédiaire d'une autre intercalaire.

    La contre prise, pour fixer le segment proximal; doit se faire en deux points, les plus éloignés possibles, l'un de l'autre.

    Premier point: installer le patient de telle manière que le levier proximal, soit plaqué contre un plan résistant (table).

    Deuxième point: c'est la contre prise; qui va immobiliser le segment proximal comme dans un étau.

    Si on utilise des sangles pour la fixation, il faut prendre les précautions de rembourrer les zones d'appui par du coton, un drap, un coussin…

    Les postures auto-passives:


    Les techniques auto-passives sont exécutées et contrôlées par le patient lui-même, soit manuellement, soit avec un système instrumental qu'il anime lui-même, soit par le maintien volontaire d'une position contre la pesanteur. L'intérêt de ces auto-postures réside dans le contrôle qu'exerce le patient sur les efforts correcteurs, ainsi, il n'oppose pas de défense à la réalisation de la posture. Toutefois, ce type de posture nécessite d'avoir affaire à des sujets motivés et bien informés sur l'objectif à atteindre.


    Les postures auto-passives manuelles:


    Elles ne sont pas applicables à toutes les articulations, à cause de leur localisation et des efforts correcteurs, importants qu'elles nécessitent. En plus, ces techniques présentent les mêmes inconvénients que ceux des postures manuelles (fatigue).

    Les postures auto-passives instrumentales:

    Elles sont réalisées par l'intermédiaire d'un système filin poulies contrôlé par le sujet, lui-même.

    On distingue :

    L'auto-passif instrumental homologue: ici, le membre à posturer est contrôlé par le membre controlatéral, c'est-à-dire, que le membre supérieur contrôle le membre supérieur  controlatéral et le même inférieur, contrôle le membre  inférieur controlatéral.

    L'auto-passif instrumental non homologue: ici, un membre inférieur contrôle un membre supérieur ou inversement.

    Les postures auto-passives par pesanteur:

    Dans cette posture, on utilise le poids du membre ou le poids du levier articulaire de l'articulation à posturer.



    Cette posture consiste à placer le levier à posturer de façon à donner à la pesanteur un point d'application perpendiculaire au segment pour que l'effet de la pesanteur soit au maximum, c'est-à-dire que d'une manière générale, le membre ou le segment de membre soumis à l'action de la pesanteur, doit être horizontal.

    Le contre-appui, du membre se fait juste au dessus de l'articulation à posturer.


    Les postures instrumentales:

    Les techniques instrumentales ne sont pas dosées par le patient à la différence des précédents. Ce type de posture utilise des moyens instrumentaux que l'on peut regrouper en trois catégories: l'application de charges, les systèmes de haubanage et les orthèses.

    Postures instrumentales par application de charges:

    Ces types de postures sont divisés en techniques, utilisant des charges directes et celles utilisant des charges indirectes, c'est-à-dire, un circuit poids-filin poulies.

    Dans le premier type: l'articulation sollicitée, doit être positionnée de telle sorte que le gain d'amplitude recherché soit situé dans un plan vertical (mêmes principes que les postures par pesanteur). Les charges additionnelles sont représentées essentiellement soit par des sacs de sable, soit par des poids métalliques (haltères).

    Les sacs de sables ont généralement appliqués soit par l'intermédiaire d'une sangle, soit directement en les plaçant sur le sommet de l'angle formé par l'articulation, ou sur l'extrémité du levier articulaire. (le sac de sable doit être fait de toile, assez souple, remplie à deux tiers à fin de pouvoir l'installer comme une selle sur l'articulation).

    Dans le deuxième type : c'est-à-dire, indirectes, le système poids-filin-poulies permet de lever l'impératif qui nécessite une sollicitation corrective obligatoirement situés dans un plan vertical, appliqué du haut vers le bas. La première poulie doit se situer obligatoirement dans le même plan d'exécution du mouvement recherché, dans le même sens du mouvement limité et de telle sorte à ce que le filin soit perpendiculaire au membre dans la position limite de la raideur.

    Postures instrumentales par système de haubanage:

    Ici, le principe consiste à remplacer la sollicitation corrective due aux charges directes ou indirectes, par la mise en tension de l'élément concerné, par sangle, élingue, ressort. Ces instruments doivent être placés dans le même plan et dans le même sens du mouvement à rechercher.

    Pour la sangle et l'élingue, la valeur de l'effort correcteur est réglée par le tendeur, alors que celle du ressort est réglée par sa force nominale, et par son état d'étirement.

    Postures instrumentales par orthèses:

    Ce sont des postures faisant appel à des appareils divers: destinée à prévenir, stabiliser ou corriger une limitation ou une déformation articulaire.

    Les orthèses utilisées dans un but de postures ostéo-articulaires, utilisent le plus souvent des matériaux rigides tels que; le métal, les plastiques et leurs dérivés; (polysar, ortholène, plexiglas) ou le plâtre. 



    L'articulation concernée est placée en position d'amplitude maximale et l'orthèse maintient cette position en prenant appui sur les segments corporels adjacents. Lorsque le traitement de rééducation permet de gagner en amplitude, il faut remodeler l'orthèse ou la refaire pour l'adapter à la nouvelle situation corporelle.

    Donc, les orthèses se postures sont essentiellement indiquées pour maintenir un acquis ou prévenir une dégradation.

    Pour les plâtres de postures, ça peut être une gouttière, un plâtre bivalve (deux coquilles) ou un plâtre circulaire. Le plâtre n'est jamais appliqué sur la peau nue, il faut placer le jersey qui ne doit présenter aucun pli, aussi, il faut rembourrer les saillies ossues avec du coton et éviter les compressions à ce niveau.

    La surveillance d'un plâtre s'impose et le kiné doit s'alarmer si les extrémités deviennent bleues, douloureuses, présentant des picotements, si il y a des œdèmes qui   apparaissent, si le patient ressent des douleurs au niveau des saillies; si le patient est incapable de remuer les extrémités.

    Si l'un de ces signes apparaît, il faut enlever le plâtre immédiatement.

    Un plâtre trop séré peut provoquer des compressions des vaisseaux et des nerfs, qui vont aboutir, soit à des gangrènes (amputations), soit à un syndrome de walkman, soit à une paralysie du membre plâtré.

    (Attention aux enfants plâtrés qui pleurent, il faut rechercher les signes prés-cités).



    Autres postures:

    Le cerneau évite le poids de la couverture, on l'associe toujours à une cale sur laquelle, le patient pose son pied.

    Un oreiller (ou un ballon) placé entre le bras et le thorax, permet de maintenir le bras en abduction. (De même que pour les hanches).

    Le fait de poser une planche entre le matelas et le sommier, permet une  rectitude des segments rachidiens dorsaux et lombaires.